Mutagenèse La Conf’ charge les colzas Clearfield, BASF dénonce de « faux arguments »
Dans une lettre ouverte envoyée le 18 juillet dernier aux producteurs de colza, la Confédération paysanne leur demande de ne pas semer des variétés Clearfield (VrTH) rendues tolérantes à l’herbicide imazamox par mutagenèse. Elle avait fait la même démarche l’an dernier à la même époque. BASF démonte point par point les arguments du syndicat.
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Selon la Confédération paysanne, il s’agit d’une « fausse solution agronomique ». Il cite deux raisons à cela. D’une part, « en Europe et dans le monde, plus de 140 adventices de familles botaniques différentes sont déjà devenues résistantes à des herbicides « inhibiteurs de l’ALS » comme l’imazamox. L’usage de ce type de colza VrTH n’est à l’évidence pas une solution durable. » D’autre part, le syndicat considère qu’il ne sera « plus possible de détruire les repousses de colzas VrTH dans vos parcelles de céréales en utilisant les herbicides de cette famille des inhibiteurs de l’ALS ».
« Applications plus nombreuses »
Et d’insister : « Vous devrez probablement revenir à des applications plus nombreuses avec des produits souvent plus toxiques que les inhibiteurs de l’ALS. L’usage de variétés rendues résistantes à des herbicides est donc une solution qui ne répond pas aux demandes sociétales de réduction de l’usage des herbicides. »
La Confédération paysanne demande ainsi aux pouvoirs publics « la mise en place d’un moratoire sur toutes les VrTH ».
Elle considère par ailleurs que ces variétés ont été obtenues par mutagenèse, « une technique reconnue comme OGM par la législation européenne ». Ces colzas devraient donc être, selon le syndicat, « réglementés et étiquetés comme tels ». Il insiste : « Votre responsabilité pourrait être engagée si vous cultivez ces variétés. »
« Stratégie d’intimidation »
Il s’agit d’une « stratégie d’intimidation », selon BASF, qui commercialise l’imazamox. La société d’agrochimie répond point par point aux arguments de la Confédération paysanne, dans un communiqué paru le 23 juillet. Elle précise par exemple que, selon l’avis de la Cour de justice européenne du 25 juillet 2018, « la mutagenèse traditionnelle est exclue du champ d’application de la directive 2001/18. Cette exemption concerne aussi bien les variétés Clearfield que les variétés issues de la mutagenèse cultivées en agriculture biologique. »
La société se défend aussi sur le fait que la technologie Clearfield ne répondrait pas, selon la Confédération paysanne, « aux demandes sociétales de réduction de l’usage des herbicides ». « C’est exactement l’inverse qui est constaté dans les parcelles : l’indice de fréquence de traitement herbicide, indicateur reflétant les utilisations, est en moyenne moins élevé dans les parcelles faisant appel à ce système de production, avance BASF. Ce point est d’autant plus important qu’avec le réchauffement climatique et la levée aléatoire du colza, Clearfield permet de ne pas désherber si la culture ne lève pas. »
« Faire respecter le droit »
Autre sujet de colère de la part de BASF : le fauchage par des « Faucheurs volontaires » le 18 juillet dernier d’une parcelle de tournesol expérimentale dans la Drôme. La société en appelle aux autorités publiques « pour faire respecter le droit » et demande « à la Confédération paysanne de cesser de soutenir les Faucheurs Volontaires et d’exclure ses membres qui mènent des actions de destruction de parcelles agricoles. Ce harcèlement permanent alimente lui-même l’agribashing que les agriculteurs et le monde agricole subissent tous les jours. »
I.E.
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